Ce petit texte de Cindy Bruckhart, éducatrice américaine, paru dans Dog Star Daily en décembre, m'a interpellé. Peut-être, tout d'abord, parce que ma propre (très courte) expérience dans un refuge s'y reflétait en partie mais aussi parce que, malheureusement, on rencontre tous ces problèmes dans le milieu du chien en général (élevage, éducation...ou propriétaire lambda). Que l'on ait besoin d'être reconnu pour ce que l'on fait, c'est humain. Mais parfois il n'est pas toujours facile de prendre du recul face à son ego et de se rappeler que notre priorité reste le chien.

Les problèmes auxquels sont confrontés les chiens de nos jours sont les mêmes qui menacent la planète, la faune, le gouvernement et l'économie. Ils ont tous un dénominateur commun. Fait intéressant, ce problème commun est également la solution commune. Le tout se résume au comportement humain.

Les chiens ne sont pas en mesure de prendre des décisions sur l'endroit où ils vivent, comment ils vivent, ou même si ils vivent. Leur sort et leur bien-être sont entre les mains des humains. Et cela peut être très enviable s'ils croisent le chemin de gens bienveillants. Peu d'espèces peuvent se targuer du niveau de préoccupation donné à nos chiens bien-aimés.

Hélas, l'attention de l'homme s’accompagne du désordre de la condition humaine. Ceux qui travaillent pour aider les chiens sont souvent aussi, et parfois même plus, préoccupés par leurs propres croyances et leur ego. Malheureusement, il n'y a pas de meilleure façon de cacher un ego sur-dimensionné que de s’engager dans une noble cause. Lorsqu’il est enveloppé de bonnes actions et de continuels sacrifices, il est difficile de reconnaître le besoin profond de reconnaissance personnelle de certains.

Si vous regardez attentivement, vous le trouverez dans n'importe quel refuge pour animaux ou organisation de sauvetage. Sauver les animaux peut devenir une force motrice pour une personne qui a un fort désir de se sentir important, nécessaire, indispensable, voire héroïque. Régler les dégâts que la société a créé peut certainement favoriser un sentiment de supériorité ou de martyre.

Il peut être si puissant qu’une personne peut perdre de vue les chiens qu'elle sauve, dépensant de plus en plus d'énergie à protéger sa propre réputation et son statut parmi les autres humains. Parfois, cela conduit à des problèmes très graves comme l’accumulation d'animaux. La croyance que personne d'autre ne se soucie ou ne fera autant de sacrifice, a conduit de nombreuses personnes bien intentionnées dans l'univers consternant de l’accumulation d'animaux. Laisser un animal partir revient alors à le faire souffrir.

Du côté moins grave du spectre se trouvent les questions d'ego qui nous enchaînent dans d'interminables réunions, débats et jeux de pouvoir qui ne servent qu'à retarder ou détruire les ressources disponibles pour aider les animaux dans le besoin. J'ai vu des programmes fantastiques mis de côté ou négligés simplement parce qu'ils avaient été développés par "quelqu'un d'autre." J'ai vu des gens de talent à qui on refusait la possibilité d'aider tout simplement parce qu'ils ne faisaient pas partie des "initiés." Pire, j'ai vu des équipes potentiellement puissantes qui n’ont jamais pu atteindre la cohésion, voire disparaître, car quelques membres ne pouvaient pas mettre de côté leur ego pour le plus grand bien de tous.

Je sais que cela arrive à tous les niveaux d’une entreprise, du gouvernement ou d'une association. Ça me dérange plus quand cela se fait au détriment des chiens, dépourvus d’ego, dont on doit prendre soins. Ils sont assis dans un chenil pendant que l’on argumente sur la meilleure méthode d'éducation. Ils sont assis dans un chenil pendant que nous nous disputons pour savoir qui va s’en occuper. Ils sont assis dans un chenil pendant que nous nous tourmentons sur les détails de la politique et des procédures visant à assurer que ces animaux sont bien soignés.

Il n'y a rien de mal à ces nécessités ennuyeuses tant que nous nous souvenons tous de notre objectif principal. Rencontrons-nous après que les chiens aient été promenés. Disputons-nous après que les chiens aient obtenu leur Kong rempli de nourriture. Tourmentons-nous sur les détails après avoir joué avec les chiens et les avoir éduqués. Revoyons nos priorités.

(Texte de Cindy Bruckart - traduit de l'anglais)