Le matin, Jennifer Messer, psychologue, éducateur et vétérinaire canadienne nous donne de nombreux indices sur la manière de gérer un cours pour chiots avec succès. Illustré de nombreuses vidéos, son intervention fixe les objectifs, les équipements, la composition et le programme d'une telle classe. Inutile d'investir dans des objets coûteux, le but est de familiariser le chiot avec son environnement et de reproduire ce qu'il est susceptible de retrouver dans son quotidien : bruit fort, obstacles divers, autres chiens, humains plus ou moins bizarres (avec béquilles, parapluie, chapeau, etc.). La liste des « super6 » à inculquer sont : socialisation, morsure inhibée, prévention de la garde de ressources, obéissance à des ordres simples, prévention des problèmes de comportement et aider les propriétaires à voir leur chiot comme normaux et combattre les mythes. Les chiots sont acceptés à partir de 7-8 semaines, à condition d'avoir eu leur première injection de vaccin une dizaine de jours plus tôt. La composition du cours devra tenir compte de l'âge du chiot mais aussi de sa race car il y aura des différences de tempérament. Récompenser les chiots lorsqu'ils agissent bien mais ne pas oublier les maîtres, car on ne peut pas utiliser des méthodes positives sur les chiens sans les utiliser sur les maîtres. Il faut parler positivement et encourager le maître. L'éducateur ne doit pas faire de favoritisme et équilibrer son temps entre chaque équipe, les questions ne nécessitant pas une réponse devant tout le groupe devront attendre la fin du cours. Pour plus de 6 chiots, il est nécessaire d'avoir un assistant. Jennifer Messer donne aussi quelques indices sur la gestion des enfants des clients qui peuvent parfois être pénibles et perturber les cours. Les gens apprenant différemment, il est important d'avoir une explication visuelle, auditive, de faire pratiquer l'exercice et d'avoir un résumé du cours à remettre au client, accompagné de devoirs, car le travail s'effectue surtout à la maison. Il est intéressant de lancer certains jeux pendant le cours qui, non seulement vont remotiver les troupes mais aussi consolider ce qui a été appris. Et bien sûr les sessions de liberté pour les chiots devront être supervisés afin que chaque chiot puisse se sentir le plus à l'aise possible. Plein d'autres informations et idées sympas à mettre en place qui donnent envie de s'y mettre tout de suite !

Pour l'après-midi, on repart dans le domaine scientifique, avec l'intervention du Hongrois Péter Pongracz, éthologue, qui nous fait un exposé brillant de ses recherches sur les vocalisations canines. Il est vrai que les aboiements sont davantage considérés comme une nuisance que comme un sujet scientifique digne d'intérêt. Et pourtant ça l'est ! Les moyens de communication du chien sont chimique, visuel et acoustique. Le premier n'étant pas utilisable par les humains, le deuxième prêtant souvent à confusion, reste le troisième. Il y a eu des expériences sur l'interprétation des aboiements par les humains. Ce qui ressort c'est que plus le son est grave, plus il nous semble agressif et plus l'intervalle entre les aboiements est faible, plus il paraît agressif aussi. Le plus surprenant c'est qu'on obtenait les mêmes résultats que l'humain ait possédé ou non un chien. Même les enfants en dessous de 8 ans parvenaient à reconnaître le contexte de l'aboiement. La conclusion de l'étude serait que les aboiements sont informatifs pour les humains (et les chiens) et qu'ils peuvent résulter de la co-existence chien-humain et servir principalement à la communication interspécifique. Ce qui expliquerait pourquoi le chien conserve ses aboiements en devenant adulte alors qu'ils sont très peu utilisés par les autres canidés sauvages.

L'étude ne cantonne pas aux aboiements puisque Péter Pongracz a aussi travaillé sur les grognements que l'on retrouve principalement dans 3 contextes : menace défensive ou offensive, compétition pour la nourriture, jeu social. Il apparaît alors que le grognement véhicule des informations : taille du chien, état émotionnel et information contextuelle.

Tout ça m'a quasiment donné envie d'enregistrer les aboiements de mes chiens et d'en faire une bibliothèque sonore contextuelle !