J'avais adoré le livre de Dominique Guillo (« Des chiens et des humains » http://ruedusharpei.free.fr/Biblio/...), j'étais donc très heureuse de pouvoir assister à sa conférence sur la relation humains-chiens. Chercheur en sociologie et anthropologie, il est partisan d'une voie, en science sociale, dont l'objet n'est pas la psychologie de l'homme ou de l'animal mais le lien entre les deux. Le chien est un animal particulier car c'est le premier animal domestiqué qui l'aurait été vers -35000 ans alors que l'agriculture ne se serait développée que vers -9000 ans et que la chèvre et le mouton auraient été domestiqués vers -8000 ans. Le chat, lui, serait apparu il y a -7000 ans environ auprès des humains. Une différence vertigineuse. Le chien a toujours eu une grande variété d'usage, un véritable « couteau suisse »  comme le dit Dominique Guillo ! Reste à savoir si le chien a véritablement été domestiqué par l'homme ou s'il a domestiqué l'homme ! L'ancêtre du chien se serait rapproché petit à petit des campements humains et se serait nourri des déchêts des humains. Le chien aurait un ancêtre commun avec le loup mais ne serait pas un descendant du loup. D'ailleurs le chien peut être considéré comme un animal sauvage. Il n'est pas dénaturé, comme certains le pensent, parce qu'il vit avec les humains, tout simplement parce que sa niche écologique c'est la société humaine ! La vie sociale entre un chien et un humain est très différente de celle entre humains mais ce n'est pas pour ça qu'il n'y a pas de relation sociale. L'anthropomorphisme c'est utiliser de la psychologie humaine pour expliquer le comportement des animaux. Mais le problème n'est pas de savoir si ce sont des catégories humaines ou pas mais de voir si elles ne sont pas utilisées de manière injustifiée. Il peut être aussi compliqué de comprendre un chien que de comprendre un autre humain. Il n'est pas évident que le langage facilite l'accès à l'esprit d'autrui car il n'est pas fiable et constitue un puissant élément de tromperie. Quant à la place du chien dans les sociétés actuelles, on constate que lorsque les sociétés se développent, partout dans le monde, les classes moyennes ont davantage de chiens. Mais on remarque que pour certaines personnes, l'amour des bêtes serait lié à une haine de l'humanité. D'ailleurs les nazis avaient une politique de protection des animaux, qui servait aussi à dévaloriser une partie de la population humaine. La présence du chien en ville n'est pas non plus liée à un repli sur soi et une diminution de la sociabilité car on remarque que ce sont surtout les familles avec enfants qui possèdent un chien. Le chien est aussi un catalyseur social et crée du lien entre humains. L'interrogation finale sera : peut-il exister une culture entre deux espèces différentes ? Cela constitue le prochain chantier du sociologue.

Catherine Collignon, éducateur de chiens de compagnie, nous a fait un exposé rapide (par manque de temps!) mais toujours bien illustré de vidéos de cas pratiques qu'elle a eu en clientèle. Elle a évoqué plusieurs notions dont il faut tenir compte lorsqu'on souhaite interagir avec un chien et l'éduquer correctement. Il faut développer une relation de confiance avec le chien, n'utiliser que la récompense positive ou la punition négative (ce dernier concept n'est pas toujours aisé à visualiser mais la vidéo a bien aidé!), savoir lâcher prise et ne pas être trop exigeant avec son chien, prendre conscience que c'est le chien qui nous indique ce qu'il faut faire (bien l'observer en interagissant avec lui pour savoir comment agir de notre côté) . En fait, comme le souligne Catherine : « nous pouvons tout leur apprendre à partir du moment où nous leur en donnons l'envie » et « l'éducation est et restera une histoire de communication interspécifique. »

Lisa Leicht est praticienne Tellington TTouch, méthode qui, selon elle, favorise des rencontres respectueuses entre les espèces. Elle sert à augmenter le bien-être et gérer le stress, influencer positivement le comportement, établir une communication claire entre l'animal et l'homme, approfondir la relation. Elle améliorerait, entre autre, la capacité d'apprentissage et l'équilibre physique, émotionnel et mental ainsi que la communication. Cette méthode est accompagnée de toute une philosophie qui repose sur la qualité de la relation entre l'humain et l'animal. Il s'agit de massages selon des mouvements précis, qui peuvent être accompagnés d'exercices de guidage ou d'outils particuliers (comme des bandes ou un t-shirt par exemple). En tout cas, ça donne bien envie d'essayer !

Pour clôturer le congrès, Tonio Ruiz, éducateur canin, très impliqué dans la protection animale, présente différents musées du chien. Souhaitant en créer un lui-même pour abriter une grande collection d'objets, c'est avec passion qu'il peut nous parler de ces objets du monde canin d'autrefois ou bien représentant de manière plus ou moins insolite nos compagnons à quatre pattes.

Un congrès de grande qualité, comme toujours ! Rendez-vous en 2013 pour le prochain !