On entame la journée avec Dominique Autier Dérian, vétérinaire comportementaliste et éthologue avec le sujet de la discrimination visuelle de l'espèce chez le chien. L'expérience qui a été mise en place est très lourde mais se révèle très intéressante. Savoir si un individu est de son espèce ou pas est un préalable à toute interaction tellement évident qu'on n'y pense pas consciemment. En effet, on interagit différemment si l'individu est un humain ou un mouton par exemple.Les chiens ont une grande variabilité morphologique par rapport aux espèces sauvages donc on peut se demander s'il parvient à reconnaître les individus de sa propre espèce par rapport à d'autres. Pour mener à bien l'expérience, il faut s'assurer que le chien peut procéder à des catégorisations à partir d'images en 2D car il devra choisir entre deux images qui représenteront des rêtes d'animaux sauvages et domestiques, de chiens et d'humains. Et bien figurez-vous que le chien sait reconnaître la tête de ses congénères par rapport à celle d'autres animaux. L'image de la tête constitue donc un stimulus qui permet, à elle seule, la discrimination.

L'intervention de Géraldine Verplancke concernait ses recherches sur la communication homme-chien lors d'un exercice d'agility. La question de départ était de déterminer quelle est l'influence des ordres vocaux et du langage corporel pour guider un chien en mouvement. Après l'analyse de 40 équipes sur un même exerice d'agility simplifié, la conclusion d'impose : on constate de meilleures performances (quel que soit le niveau de compétence de l'équipe) lorsqu'il n'y a pas d'utilisation de la voix et que le maître pointe et regarde l'obstacle. Par contre, l'échec est lié principalement au fait de donner beaucoup d'ordres de direction. Pour sa part, le chien est plus performant lorsqu'il n'aboit pas et qu'il regarde l'obstacle. Or le chien regarde davantage l'obstacle quand son maître est silencieux ! Idem pour les aboiements. Et c'est particulièrement vrai pour les équipes novices en agility. On dirait que les terrains d'agility vont être plus calme !

Séverine Belkhir revient pour nous montrer comment le chien apprend dans un contexte social. Etre un animal social favorise l'apprentissage. Le chien est capable de résoudre une tâche montrée auparavant par l'humain. Il existe différents types d'apprentissage qu'il faut différencier car le chien n'apprend pas uniquement par imitation. A savoir que le chien exécute mieux une tâche lorsqu'il obseve un autre chien effectuer la même tache.

L'après-midi est consacré à la loi sur les chiens dangereux avec l'intervention de Michèle Jeanmart sur son expérience de formation des maîtres et les reflexions de chacun sur le sujet. Jean-Pierre Ollier, éleveur de rottweiler évoque le drame de certains éleveurs de race catégorisés qui ont l'impresson de vendre des chiens qui se retrouvent trop souvent euthanasiés pour rien. Il dénonce aussi l'effet de mode d'une race de chien où tout le monde s'engouffre, produit n'importe quoi, dont des chiens peureux et agressifs qui risquent de mettre la race à l'index.

Daniel Fontana, spécialiste cantonal des affaires canines du canton de Fribourg, en Suisse, nous évoque comment ce canton suisse gère la problématique des chiens dits dangereux. A savoir que depuis 2003, en Suisse, le chien n'est plus un meuble mais un être vivant à respecter. Les lois ont donc dû s'adapter. Désormais on vise au bien-être du chien. Il y a donc interdiction formelle du collier électrique et du collier à pointe. Le collier étrangleur et le collier anti-spray sont uniquement tolérés sous certaines conditions. Quant aux morsures de chien, elles font l'objet d'une déclaration. Il y a un entretien avec le détenteur et la victime, et des mesures sont préconisées, principalement des mesures éducatives. Les 14 races de chiens "listées" n'ont pas besoin de porter la muselière (sauf pour les chiens des touristes!). A noter que les cas de malltraitance sont davantage punis qu'en France et il est possible d'interdire à vie la possession d'un animal. Tout futur détenteur de chien doit suive un cours théorique de 4 heures chez des éducateurs canins formés. A noter qu'il y a un impôt sur le chien en Suisse. Plein de bonnes idées qui sont plus raisonnables que nos lois votés sous le coup de l'émotion et qui ne correspondent à rien de logique.